L’apolitisme des jeunes africains par Mohamed kerfala KOMARA ;
La participation à la vie publique constitue la première
manifestation du rôle du citoyen et s’incarne dans l’architecture même de la
cité (État). En politique, le citoyen est un personnage majeur qui dispose du
droit de vote et possède les droits et les devoirs liés à sa nationalité.
Ainsi, la citoyenneté implique la participation aux charges publiques qui sont
réglementées et codifiées par des textes ou par des pratiques coutumières. De
cette participation découle la notion de Droit et de Devoir. L’espace public
est très important ici voire sacré dans la mesure où il permet aux citoyens de
délibérer après avoir participé aux affaires communes.
Cependant, de nos jours nous assistons à nous assistons d’une
part, à une baisse importante de la participation des jeunes notamment en
Afrique et corrélativement d’autre part, à une augmentation de leur désintérêt
vis-à-vis des charges publiques. Ce fait aiguise notre curiosité sur des
questions à savoir : Pourquoi les jeunes refusent-ils de s’intéresser à la
politique ? Pourquoi est-ce que l’on ne doit pas refuser de s’intéresser à la
politique ? Quelles sont les suggestions que nous pouvons donner pour inciter
les jeunes africains à s’intéresser à la politique ?
L’opinion publique en générale, et plus particulièrement les
jeunes, a une mauvaise image de la politique. L’on se demande souvent quelles
sont les causes de cette réalité. Sans doute à cause de l’image que certains
dirigeants politiques véhiculent en dégradant le sens noble du terme politique
(l’aliénation politique). Ou encore peut être dans la pensée commune la
politique signifie être Président ? En Afrique la politique est perçue par les
gens comme une fatalité. Un jeune qui décide de faire des études en politique
est considéré comme une personne qui ne sait pas ce qu’il veut. Certains
parents décourage totalement leurs enfants à s’intéresser à la politique en
leur faisant croire que celle-ci est synonyme de mensonge, de détournement,
d’une mauvaise fin, Et cette liste est seulement énumérative, de nombreux
autres termes péjoratifs sont employés pour qualifier la politique. Quand on
fait un sondage au niveau des jeunes âgés de 18 à 25 ans pour savoir l’intérêt
qu’ils portent à la politique, on se rend compte que la plupart de ces jeunes
ont une image très négative d’elle. Pour illustrer ce fait, un petit sondage
sur le réseau social (Facebook) a permis de se faire une idée de ce que pensent
les gens de la politique. Il faut dire que sous l’onglet « opinion politique »
des membres de ce réseau social, en moyenne sur 20 profils visités, seuls 5
délivrent une opinion claire de la politique. Ce qui veut dire ici que les 15
autres personnes pensent que la politique ne sert à rien en disant je cite « Pas
le temps pour ça, rien à faire, que du mensonge, » et pour d’autres des termes
insolents. Notons que cette statistique n’est pas exhaustive, mais reflète
néanmoins un aspect de l’opinion qu’ont les jeunes africains sur la politique.
Pour la plupart des gens en Afrique, s’intéresser à la politique
est synonyme de danger pour soi et pour sa famille. Et dans la majorité des
pays africains, les gens refusent même de parler de la politique parce qu’ils
pensent qu’on peut à tout moment les arrêter pour ce qu’ils diront. Il est vrai
que l’État de droit n’est pas vraiment consolidé en Afrique, mais est-ce une
raison de penser que la politique est une fatalité ?
NON, la question que nous devons nous poser est la suivante : la
majorité des jeunes africains savent-il ce qu’est la politique ?
En effet, plusieurs personnes seront de même avis que moi sur le
point suivant : si la politique est la gestion codifiée de nos différences à
travers des règles bien définies, alors tout le monde fait de la politique de
façon désintéressé. Donc dans ce cas, ne pas s’intéresser revient à fuir ses
responsabilités dans la mesure où ses règles ont été fixées ensemble d’une
façon ou d’une autre. La politique c’est le vivre ensemble dans une localité,
un territoire, une société ou un État avec d’autres personnes qui n’ont pas
forcément les mêmes valeurs que nous. D’où l’intérêt d’un pouvoir
institutionnalisé pour mieux gérer nos différences. Cette façon de réguler nos
modes de vie aux travers des conventions, traités, accords, lois etc. représente
le sens noble de la politique. Sans ces harmonies, les peuples vivraient dans
une jungle totale qui favoriserait la barbarie. Il faut noter que la politique
est le contraire de toutes les spéculations de la rue, c'est-à-dire le
mensonge, le détournement etc. l’on doit s’intéresser à la politique parce
qu’elle permet aux individus d’affronter leurs vies, leurs futurs ensemble.
L’apolitisme est une fuite de responsabilité aussi parce que ne
pas faire la politique, c’est renoncer au pouvoir que l’on détient dans une
société. Ce renoncement est regrettable dans la mesure où les règles qui seront
établies par les autres seront valables pour tout le monde.
C’est pourquoi, je réaffirme que faire fi de nos devoirs civiques,
intérêts de notre société est une fuite de responsabilité. Et d’ailleurs c’est
dans ce même cadre qu’Aristote déclarait « L’homme est un animal politique,
essentiellement défini par sa sociabilité et par les règles que cette qualité
suscite : il a naturellement un penchant à s’associer. L’homme est voué à la
politique et non contraint : il ne peut réaliser sa pleine et entière humanité
qu’au contact de ses semblables dans la cité. La fin ultime de cette cité est
le bonheur de l’homme, en tant qu’activité de la raison[1]».
Il faut dire aussi que le fait pour les personnes qui critiquent la politique
de s’y intéresser peut constituer un véritable signal d’alerte pour les
dirigeants africains. Les ignorer, c’est prendre le risque qu’ils nuisent au
climat social et refuser d’y prendre part, c’est risquer d’être considéré comme
un naïf, isolé dans son coin et être progressivement mis à l’écart. Voilà
pourquoi rester en dehors de la politique, c’est fuir ses responsabilités.
Pour les gens qui s’intéressent à la politique, il est impératif
avant tout qu’ils aient une bonne image de la politique. Pour ce faire, les
individus doivent être conscients de leurs rôles citoyens en ayant un sens
politique et s’en servir efficacement. S’intéresser à la politique ce n’est pas
de devenir un expert en manipulation, mais plutôt développer une intelligence
situationnelle et utiliser son influence légitime pour faire progresser sa
société, son État, son environnement etc. L’enjeu ici est d’élaborer la
cartographie des jeux de pouvoirs en vigueur dans son environnement et s’y
situer en écoutant les besoins de son entourage et comprendre ses contraintes.
Mais aussi entretenir son réseau pour diffuser ses idées.
C’est pourquoi, je pense qu’il est impératif que les africains se
détachent des connotations négatives sur politique. En effet, ne pas se limiter
à résumer la politique aux actions posées par un homme politique ou
gouvernement est une forme de détachement. Plusieurs actions peuvent être
entreprises par les jeunes africains par les jeunes africains pour s’impliquer
davantage dans l’émergence de l’Afrique sur la scène internationale. Notons que
ces actions peuvent passer par des faits ou événement politique bien organisés
par la diaspora ainsi que les locaux. Tous les jeunes africains doivent être
conscients de la valeur de leurs « carte d’électeur ». Cela peut être un
véritable phénomène de déstabilisation pour les dirigeants ‘’dictateurs’’.
L’exemple le plus illustrant est le cas du Sénégal où les jeunes ont utilisé
leurs cartes pour voter contre leur ex-président Abdoulaye WADE.
En définitive, chaque citoyen est tenu de s’intéresser à la
politique afin de délibérer sur le mode de gestion de sa cité.
Comme on le dit souvent en Afrique, « si tu ne fais pas la
politique, la politique va te faire ».
Mohamed kerfala KOMARA est étudiant en Master I Éthique et
Gouvernance option Gestion des conflits au Centre de Recherche et d'Action pour
la Paix (CERAP). Il peut être joint à mkkomara@gmail.com
Comme vous l'avez dit, les jeunes africains ignorent le véritable sens du mot "politique". Pour ces jeunes, la politique n'est pas qu'un sujet tabou ou qu'elle est un sens péjoratif non,elle est aussi pour eux synonyme d'accession à la richesse et d'abus de pouvoir. Prenons le simple cas de la jeunesse ivoirienne dont nous avons pu apprécier leur sens du mot politique après la crise qu'a connu la Côte d'Ivoire. Pour cette jeunesse, la politique est synonyme de pouvoir pour nuire à l'autre, de moyen pour accéder à la richesse en pillant les deniers publics, et j'en passe. Et nous pouvons le constater dans nombreux pays d'Afrique. Il n'est donc pas étonnant que cette jeunesse sois à la fois bourreau et victime de la situation critique de l'Afrique, c'est à dire les guerres, les crises socio-économiques. Je suis d'avis du fait que les jeunes s'impliquent dans la politique mais avant, je propose de les sensibiliser d'abord sur les valeurs et le vrai sens de la politique. Mais pas seulement eux, sensibiliser aussi les politiques eux même de montrer le bon exemple de la politique à cette jeunesse à qui incombera la charge du continent dans les années à venir afin que à leur tour, ils puissent aussi être des exemples.
RépondreSupprimerC'est un article vraiment très intéressant !
RépondreSupprimerEffectivement il faudrait que les jeunes de l'Afrique noire et les jeunes africains en général trouve la force de s’intéresser réellement à la politique et à lutter sérieusement pour le respect de leur liberté et de leurs droits fondamentaux. C'est une entreprise difficile c'est sûr, mais il faut pas se laisser décourager par le comportement des forces politiques.
C'est essentiel si les nations africaines veulent qu'on entende et respecte leur voix.
Après ton l'article sur les problèmes ethniques, encore une fois tu as su mettre le doigt sur un des problèmes persistant qui empêche les nations africaines de s’éveiller.
SO CONTINUE ALONG THIS PATH !!! GO GO GO !! SOON U WILL BECOME THE PRIDE OF GUINEA !! WITH ALL MY LOV (Dsl pour le retard^_^)