La
RSE est-elle un luxe pour l’Afrique ? Par Mohamed kerfala KOMARA ;
By Mkkomara |
En
définissant le luxe comme la quantité qui dépasse largement ce qui est
strictement nécessaire[1], je peux me permettre d’affirmer
que la RSE est une nécessité pour l’Afrique. Une
nécessité car la RSE touche aux conditions d'existence de l’homme.
En
effet, certains pensent qu’il existe une RSE africaine qui ne dit pas son nom
du fait d’une vision différente de la finalité de l’entreprise elle-même[2].
Ils soutiennent l’idée que si en occident l’entreprise est une finalité en soi,
en Afrique l’entrepreneur travaille pour ses proches, sa famille
etc. C’est dire ici que l’entreprise n’est pas séparable du social.
Prenons
l’exemple de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité
(CIE)[3] qui a constitué des fonds dans le cadre de la promotion du « vivre ensemble » et de
« l’esprit de famille » visant
à aider financièrement les
collaborateurs de l'entreprise à faire face aux différents événements de
la vie qu'ils soient heureux ou
malheureux (baptêmes, enterrement, etc.). Cette
initiative solidaire correspond à
des pratiques typiquement africaines. Nous pouvons citer plusieurs autres exemples de ce genre qui démontrent l’intégration des pratiques de RSE par les
entreprises africaines et par
conséquent la prise en compte des
préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités
et dans leurs interactions. L’existence d’une RSE africaine suffit à prouver sa nécessité pour ce continent.
Encore
une fois, si le luxe est ce qui est au-delà
du nécessaire, en terme de
classification des besoins de l’Afrique dans la pyramide de Maslow, il est évident que la RSE fait partie des besoins primaires de
l’Afrique. L’homme pour
s’épanouir a besoin d’un cadre familial, éducationnel, médical et
environnemental sain. Les politiques de RSE recouvrant l'ensemble de ces
problématiques, la RSE est non seulement nécessaire en Afrique mais sa prise en
compte par les entreprises est fondamentale.
Si
l'on se concentre sur la question environnementale qui est à mon sens l'un des
pans les plus essentielles de la RSE, on s'aperçoit très vite de l'urgence de
la situation. Non seulement la population africaine souffre de la pollution qui
est « créée » sur son territoire mais elle souffre également de la
pollution provenant de zones géographiques extérieures à son territoire comme
on peut le constater en analysant l'impact de la pollution de la Chine dans le
monde.
À
partir de ce constat, la RSE ne peut être un luxe pour aucun pays en terme
d’implication pour la défense la terre, de l’humanité et de l’avenir des
futures générations. En chine, un milliardaire a investi dans de l’air pur[4],
ce qui démontre le degré de pollution dans ce pays et est révélateur des conséquences
que peuvent engendrer l’impact de la pollution de ce pays dans les autres
parties du monde notamment en Afrique.
Cependant,
la mise en place de politiques RSE a un coût très élevé pour le continent, et
l’Afrique a le plus faible poids économique dans le monde. Le continent manque
d’élites, d'entrepreneurs et de petites et moyennes entreprises pour propulser
son économie. Selon le Bureau International du Travail (BIT), l’économie
informelle fournit près de 72 % des emplois en Afrique[5].
Ce sont des emplois mal payés, exercés dans des situations sanitaires et
sécuritaires déplorables et qui échappent à toutes fiscalités. La notion de
fonction régalienne est vidée de sa substance sur le continent africain.
Certains
pensent qu’il faudrait s'assurer de l'application effective des lois contraignantes (codes de
travail par exemple) avant de mettre en place des politiques RSE en Afrique.
Cette idée est loin d'être dénuée de sens, mais si nous ne voulons pas faire
les mêmes erreurs que les occidentaux et si nous voulons booster le
développement du continent africain, il serait prudent pour nous de nous imprégner des
pratiques RSE dès maintenant.
La
RSE peut être un tremplin permettant à l’Afrique d'accéder au bien être en
fixant le cadre de la coopération avec ces différents partenaires. M. Mario
Pezzini, Directeur du Centre de Développement de l’OCDE disait très justement : « De
nouveaux partenaires amènent de nouvelles opportunités aux pays africains. Pour
tirer pleinement bénéfices de cette nouvelle situation, il est impératif que
les priorités nationales de développement et les objectifs de en matière
d’échanges d’aide et d’investissement soient clairement définis[6]». Les plus grosses entreprises présentes
en Afrique viennent d’ailleurs, la définition des priorités nationales est en
ce sens très importante pour le continent. Cette définition permettra de
pallier à la carence de l'économie africaine en exigeant des entreprises
s'installant en Afrique de mettre en place des politiques RSE dans la mesure où
leur impact sur l’environnement, l’économie et la société en générale est
conséquent... et qu'elles disposent de moyens financiers solides.
Tout
est question de régulation, l’Afrique pourrait tirer leçon du caractère créatif
de certaines règles qui ont évoluées vers la régulation juridique légale,
c’est-à-dire le passage de la «Soft-Law» à la «Hard-Law» dans les pays
développés. Il faut dire qu’une RSE stratégique et régulée peut être support de
développement durable en Afrique.
L’impact
des entreprises étrangères sur le continent africain reste aujourd'hui encore
un mystère pour sa population. Ce fait peut s’expliquer par la
quasi-inexistence de lobbys de consommateurs faisant pression sur les autorités
publiques afin de multiplier les contrôles aux niveaux des pratiques RSE, de
lobbys encourageant des pratiques ou prononçant des discours sensibles sur la
question RSE et faisant des Reporting de leurs actions.
Tous
ces facteurs me font affirmer que la RSE est tout sauf un luxe pour l’Afrique,
il s'agit une nécessité fondamentale ayant un coût considérable pour le
continent. C’est pourquoi, une régulation efficace des politiques RSE passe par
une implication individuelle et collective des individus et des entreprises en
Afrique.
Une
question se pose : cette régulation, si elle est basée sur la Soft-Law,
sera-t-elle susceptible d’inverser la balance dans le commerce international ?
Mohamed kerfala KOMARA est étudiant en Master de Développement (M1),
spécialité Gouvernance & Management Public à l’Université Senghor
d’Alexandrie. Il peut être joint à mkkomara@gmail.com
[2]Entretien avec Alexandre Wong. http://ivoirescoop.net/axps/permalink/3881.html (visité le 28/02/13)
[4]Lemonde.fr (visité le 25/02/13)
[5]Information rapportée par Therry Téné (décryptage des défis
de la RSE en Afrique) visité le 28/02/13
[6]Thierry Téné, « Les enjeux de la Responsabilité Sociale de
l’entreprise en Afrique » in L. Lado et
al. (dir.), La responsabilité sociale de l’entreprise au Cameroun, Yaoundé,
PUCAC, 2012, p 4
Plus dexamples qui montrent et prouvent la necessite de la RSE aiderait plus...fo montrer a tes lecteurs les mauvaises consequences que lafirk a subies due a la negligence de certainces compagnies...
RépondreSupprimerMerci pour la suggestion frero, mais vos contributions sont importante pour moi dans la construction d'un cadre de vie meilleur pour tous. Je les prends en compte, cependant n’hésite pas de d’apporter des exemples pour améliorer l'article, je pense que c'est cela aussi l'objectif. Merci
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